Plusieurs dizaines de milliers de manifestants appelaient aujourd'hui au Caire au départ du président Hosni Moubarak, a constaté un journaliste sur place, au cinquième jour de manifestations anti-gouvernementales à
Travers l'Egypte. La police aurait ouvert le feu contre des manifestants.
«Le peuple veut le départ du président», ont-ils scandé sous le regard de l'
Armée déployée depuis hier soir pour le maintien de l'ordre.
La police a ouvert le feu sur un millier de manifestants qui tentaient de prendre d'assaut le ministère de l'Intérieur, au Caire, a rapporté la chaîne de télévision Al-Jazira.
Les Frères musulmans, principale force d'opposition en Egypte, ont appelé à une passation pacifique du pouvoir, dans un communiqué.
La confrérie a affirmé son soutien au «soulèvement pacifique béni» et appelé à la mise en place d'»un gouvernement de transition sans le Parti national démocrate (au pouvoir) qui organise des élections honnêtes et une passation pacifique du pouvoir».
Cette révolte sans précédent contre le président Moubarak, 82 ans, qui dirige le pays depuis 29 ans, a fait jusqu'à présent près de 50 tués. /ats
La téléphonie mobile rétablie ce matin en Egypte
Les services de téléphonie mobile étaient partiellement rétablis en
Egypte aujourd'hui en milieu de matinée, ont constaté des journalistes
sur place. Cette mesure est intervenue au lendemain d'une journée de
manifestations sans précédent en raison desquelles ces services et
l'internet avaient été coupés.
L'accès à internet, coupé hier
pour contrecarrer les manifestations hostiles au régime, ne semblait
toutefois pas avoir été rétabli.
L'internet et la téléphonie
mobile ont joué un rôle-clé dans le lancement des manifestations
anti-régime en Egypte à l'initiative de jeunes pro-démocratie inspirés
par la révolution du jasmin qui a chassé le 14 janvier Zine El Abidine
Ben Ali du pouvoir en Tunisie.
Le géant britannique des
télécommunications Vodafone avait indiqué hier que tous les opérateurs
de téléphonie mobile présents en Egypte avaient «reçu l'ordre de
suspendre leurs services dans certaines zones sélectionnées». /ats
«Moubarak doit partir» selon ElBaradei
Le président égyptien Hosni Moubarak «doit partir», a déclaré aujourd'hui l'opposant le plus en vue, Mohamed ElBaradei, dans une déclaration à la chaîne satellitaire France 24. Les manifestations contre le régime se poursuivent en Egypte.
«Je descendrai dans la rue aujourd'hui avec mes collègues pour contribuer à apporter un changement (...) et pour dire au président Moubarak qu'il doit partir», a dit M. ElBaradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Jeudi, M. ElBaradei, prix Nobel de la paix en 2005 avec l'AIEA, s'était dit prêt à mener la transition en cas de départ du président Moubarak. /ats
Le gouvernement a démissionné
Le gouvernement égyptien a démissionné, a annoncé aujourd'hui la
télévision d'Etat, au lendemain de l'annonce par le président Hosni
Moubarak de la mise en place d'un nouveau cabinet. Selon une source
aéroportuaire, le chef d'état-major, Sami Anan, est lui rentré en Egypte
après avoir écourté une visite aux Etats-Unis.
Le retour du
chef d'état-major est intervenu alors que l'armée a imposé un couvre-feu
depuis hier soir sur trois grandes villes du pays dont Le Caire à la
suite d'une journée de manifestations et d'émeutes particulièrement
meurtrières à travers le pays. Les émeutes se sont poursuivies dans la
nuit malgré le couvre-feu.
L'armée a enjoint ce matin la
population de respecter le couvre-feu à partir de ce soir et de ne pas
se rassembler dans les rues et les places principales, alors que des
véhicules militaires étaient déployés sur les lieux stratégiques
survolés également par des hélicoptères.
Trente cadavres ont été
amenés à l'hôpital El Damardach du Caire hier entre 13h00 et 23h00,
durant les manifestations hostiles à Hosni Moubarak, a indiqué
aujoud'hui une source hospitalière.
Heurts
Parmi ces corps figuraient ceux de deux enfants âgés de quatre et sept ans, a ajouté cette même source.
Samedi,
des milliers de manifestants ont affronté la police à Alexandrie, dans
le nord de l'Egypte, et des tirs à balles réelles ont été effectués, a
rapporté un journaliste de Reuters sur place.
Le bilan des manifestations contre M. Moubarak s'élève à 20 tués à Alexandrie depuis hier, a ajouté ce témoin. /ats
Moubarak nomme un vice-président et un nouveau premier ministre
Omar Souleïmane, qui dirige les services de renseignement égyptiens, a été nommé vice-président de l'Egypte, rapporte aujourd'hui l'agence officielle de presse MENA. Ce poste avait été laissé vacant par Hosni Moubarak depuis son accession au pouvoir, en 1981.
Réputé intègre, le chef du renseignement, régulièrement cité parmi les candidats potentiels à la succession du raïs égyptien, est un proche allié de Moubarak.
Il s'est illustré par ses efforts de médiation au Proche-Orient, recherchant notamment à faciliter le dialogue interpalestinien entre le Fatah et les islamistes du Hamas.
Par ailleurs, le ministre de l'Aviation et ancien commandant de l'armée de l'air, le général Ahmad Chafic, a été chargé aujourd'hui de former le gouvernement en Egypte par un décret du président Hosni Moubarak, a annoncé la télévision d'Etat. Il succède à Ahmad Nazif.
Ahmad Chafic est une personnalité généralement appréciée au sein de l'élite égyptienne, y compris de l'opposition. De nombreux analystes avaient évoqué son nom pour éventuellement succéder au président Moubarak en cas de vacance du pouvoir.
Ces deux nominations placent aux principaux postes du pouvoir des hommes ayant des liens avec l'armée égyptienne. /ats